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Prisca Morjon

Chocolat antillais


Hier, une lectrice me disait que ma recette du pain au beurre antillais lui rappelait les chantés Nwèl parisiens auxquels elle participe, en me disant "C'est moins exotique !". Et d'un coup, me sont revenus ces 9 années de Noël métropolitains et la certitude que notre pays ne nous quitte jamais, nous, Martiniquais, Guadeloupéens. On l'emporte toujours, bien au chaud dans nos traditions et notre cuisine !

Mon premier Noël métropolitain s'est en effet passé à Paris : en doudoune façon bonhomme Michelin, dans une salle des fêtes à peine chauffée, en plein froid hivernal... une bande d'Antillais et autres compères de tous horizons, blottis les uns contre les autres, le cantique à la main, la foi dans la voix, la musique et le rhum pour réchauffer les âmes... entre boudins, jambon, pâtés, comme au pays .... et dans des effluves de "pain au beurre/chocolat" (nature -la recette du jour- ou à la cacahuète) auquel chacun pense sans en avoir l'air.

Je ne suis jamais revenue au pays pour les vacances de Noël, trop courtes, trop chères aussi. Et je n'ai pourtant jamais eu l'impression d'être démunie. Certes ma famille n'était pas là et nous étions nombreux dans ce cas. Nous avions tous un petit voile sur le cœur mais pour autant notre Noël à nous aussi était typique. A Paris, Toulouse, Bordeaux, Poitiers... par 0°C, 5°C, 10°C... la chaleur, notre pays, le vrai Nwèl o péyi étaient là.

Par bonheur certaines années, des papas et manmans créoles venaient voir leurs petits -oui, c'est partout pareil, on est toujours "des petits", même passé 18 ans-. La manman arrivait telle un Roi Mage paré de madras, les bras chargés de présents : Punch coco maison, pâtés salés, jambon local, rhum blanc, rhum vieux ! Il y en avait toujours pour un régiment. Parce que les manmans créoles sont comme ça : elles pensent à leurs enfants mais aussi aux amis de leurs enfants qu’elles "adoptent" volontier pour l’occasion.

Et voilà comment les réveillons se passaient dans le partage comme au pays, généreux comme au pays : le repas que l'on mange sur 2 jours, et le chocolat, et le pain au beurre... la joie, la musique, les cantiques... toujours plus hauts... les chachas de fortune en conserve et lentilles, les tambours en table basse IKEA, les ti-bois en bouteille de rhum que l'on tape à la fourchette toujours plus forts...

Pour crier Noël comme pour se faire entendre de ceux restés là-bas. Pour vivre Noël et ne pas oublier d'où l'on vient.

Chocolat antillais

Préparation / cuisson : 45 minutes

LES INGREDIENTS Pour 6 à 8 personnes

  • 1 zeste de citron vert (pelé en un ruban)

  • 1 cuillère à soupe d'essence de vanille

  • 1 bâton de cannelle

  • 1 pincée de noix de muscade râpée

  • 1 l de lait demi-écrémé

  • 1 petite boîte (350g) de lait concentré sucré

  • 40 g de cacao en poudre de qualité

  • 1 cuillère à soupe bombée de Maïzena

  • 25 cl + 10 cl d’eau

LA RECETTE

  1. Dans une casserole, versez 10 cl d’eau. Ajoutez le zeste de citron, le bâton de cannelle, la noix de muscade râpée et l'essence de vanille. Portez à ébullition puis baissez le feu.

  2. Versez le lait demi-écrémé, le lait concentré sucré et les 25 cl d'eau. Mélangez bien à l'aide d'une cuillère en bois et portez à frémissement.

  3. Délayez le chocolat en poudre dans un peu de lait chaud. Ajoutez-le au mélange. Portez de nouveau à frémissement en mélangeant afin que le lait n'attache pas.

  4. Délayez la maïzena dans un peu d’eau, ajoutez-le au chocolat en mélangeant énergiquement pour éviter la formation de grumeaux. Le mélange va épaissir. A ce stade, surveillez bien le chocolat et ne cessez plus de mélanger car il risquerait de brûler.

  5. Portez à ébullition afin que la maïzena cuise puis baissez le feu et laisser frémir une dizaine de minutes, en mélangeant sans cesse.

  6. En fin de cuisson, ôtez le bâton de cannelle et l'écorce de citron à l'aide d’une écumoire. Servez le chocolat bien chaud avec quelques tranches de pain au beurre martiniquais.

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